Transmettre : quelles
postures ?

Les pédagogues soulèvent la difficulté de trouver les bonnes postures, en recherche perpétuelle d’équilibre entre les attentes et envies des apprenant·es et leurs propres vulnérabilités. Trouver la posture adéquate face à des apprenant·es constitue un enjeu de taille. Les pédagogues cherchent à donner du sens à leurs enseignements et à mieux accompagner, tout en composant avec les exigences institutionnelles, disciplinaires ainsi que celles des formations et du marché. Iels souhaitent défendre les individualités et singularités des apprenant·es dans un cadre sécuritaire et engageant à co-construire, et éviter de reproduire des schémas de pouvoir et d’emprise. Lorsqu’iels sont aussi artistes, les pédagogues s’efforcent de concilier leur posture d’artiste et de pédagogue, mais aussi leurs valeurs avec ce qui est réalisable, ainsi que de maintenir la juste distance avec les apprenant·es. Enfin, le concept de lâcher-prise est un dilemme pour les pédagogues. S’iels souhaitent lâcher prise pour mieux enseigner, iels refusent d’imposer cette injonction à des apprenant·es Iels cherchent à encourager une prise de risque de manière saine et constructive, sans pression inutile.

Journal de bord - Atelier art plastique pour déambuler et célébrer nos luttes et exercices d'empowerment pour se donner le pouvoir d'y croire - Avec Yaëlle Antoine, Alma Kaiser, Constance Bugnon et Laura Terrancle
Exercice / outil - "Quels sont mes besoins ?"
Exercice / outil - "Quels sont mes besoins ?"
Exercice / outil - "Quels sont mes besoins ?"
Journal de bord - Échanges sur les besoins du/des pédagogues, animé par Lise Lerichomme et Agathe Dumont

Légitimité et vulnérabilité du·de la pédagogue

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L'identification des vulnérabilités des pédagogues permet de construire et de repenser les pratiques d'enseignement pour inclure ses vulnérabilités et les désamorcer. Parmi les vulnérabilités identifiées lors des ateliers Reboot à partir de partage collectif de situations concrètes, la solitude et le sentiment d’illégitimité sont les plus saillantes. Beaucoup se sentent insuffisamment préparé·es pour maîtriser tous les sujets qu’iels doivent enseigner, et éprouvent des difficultés à introduire de nouvelles disciplines ou pratiques. Les pédagogues ressentent un besoin pressant de “faire équipe” et de bénéficier de moments de rencontre pour avoir de vraies discussions sur leurs pratiques. Ces échanges sont essentiels pour établir un projet pédagogique cohérent et enrichissant pour tous·tes les membres de l’équipe.

Pédagogie et rapports de pouvoir

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Il est primordial de prendre conscience du rapport de domination induit par la position verticale et asymétrique du·de la pédagogue vis-à-vis de l'apprenant·e. La question du rapport de pouvoir entre pédagogue et apprenant·e est essentielle et pose la question du temps à accorder à la création du lien adéquat avec les apprenant·es au détriment possible du temps nécessaire aux apprentissages. Trouver ce "bon lien" implique de comprendre où et comment se situer face aux apprenant·es, et de créer des contextes d'apprentissages non-oppressifs, en prenant garde de ne pas passer de l'amicalité à l'amitié. Du point de vue du rapport de pouvoir entre pédagogues et institution, la précarité des pédagogues et le manque de reconnaissance de leur travail sont des enjeux cruciaux. Ces difficultés matérielles et morales peuvent impacter sur leur motivation et leur capacité à offrir un enseignement de qualité.

Pédagogies alternatives et radicales

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Penser de nouvelles pratiques implique de trouver les outils qui permettent une écoute et une prise de parole consciente des rapports de pouvoir : communication non-violente, autoréflexivité, valorisation des expériences de chacun·e, favorisation du partage de l'intime - des outils qui ont déjà été pensés et éprouvés dans d'autres contextes, notamment celui de l'éducation populaire. Il s'agit ainsi de sortir des méthodes traditionnelles de l’enseignement du cirque, en se rapprochant de principes et de pratiques de pédagogies alternatives centrées sur l’apprenant·e, visant à valoriser un développement holistique et épanouissant, en mettant l'accent sur l’individualisation de l’apprentissage, la collaboration, l’engagement actif des apprenant·es et le développement global de la personne (intellectuel, émotionnel, social, etc.) Encourager à se questionner et à remettre en question les structures de pouvoirs et les inégalités présentes dans la société, encourager un va-et-vient entre la théorie et la pratique, développer l’autoréflexivité et l’autodétermination.

Ressources

  • HOOKS, B. (2019), Apprendre à transgresser, Syllepse
  • INGOLD, T. (2018), L’anthropologie comme éducation, Presses universitaires de Rennes
  • KIHM, C. et MAVRIDORAKIS, V. (2013.), Transmettre l’art. Figures et méthodes. Quelle histoire ?, Les presses du réel
  • MICROSILLONS (2019), Motifs Incertains. Enseigner et apprendre les pratiques artistiques socialement engagées, Les presses du réel
  • ORLANDO, S. (2024), La part affective, Paraguay Press
  • PERREIRA, I. (2024) Le féminisme libertaire : des apports pour une société radicalement féministe, Cavalier Bleu
  • Pour des écoles d’art féministes !, ouvrage collectif (2023), ÉSACM : Tombolo presses